L’enseignement des bols tibétains que je vous propose est en lien avec une démarche intérieure.
Durant la pratique, nous étudions le son et sa vibration. Nous expérimentons concrètement ces sons qui sont en résonance avec les corps. Nous avons, dès lors, un accès à une mise en lumière de ce qui est bien souvent invisible à nos yeux. Ce travail « d’écoute profonde de soi » nous permet de mieux comprendre ce que nous portons et véhiculons comme énergies. Ces mêmes énergies qui influent sur nos schémas de vie, nos problématiques, et qui nous amènent également à une connaissance plus approfondie de notre être.
Il s’agit ici d’aller explorer ce qui est créé et cristallisé, ce qui est déjà là. Ce chemin de « détissage» est à la fois un chemin de vie, une réalisation pour cet organisme vivant et unique que nous sommes. Les énergies éclairées ainsi se recyclent et permettent d’avancer en conscience. En effet, quand nous sommes ignorants de ce que nous portons, nous pouvons tourner en boucle (patterns). C’est donc un chemin plus « direct » vers l’accomplissement.
Cette pratique avec le bol est une pratique de pleine présence à soi. Elle révèle ce qui est présent, autant sur le plan physique que le plan mental. Nous ne pouvons pas, dès lors, travailler avec une projection ou une intention, car ces dernières sont tout autant éclairées dans les harmoniques. Cela demande au pratiquant d’être centré et ancré, de cultiver un regard neutre sur les informations qui émergent sous la résonance du bol.
Cela nécessite également de ne pas avoir peur de la dissonance pour aller l’explorer.
Chaque dissonance (ou toute petite différence de son, de volume, de ressenti corporel, de « matière ») est une porte d’entrée dans cette exploration. Ce qui senti, entendu est au plus juste, contrairement à la volonté du mental. D’ailleurs ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ces dernières manquent cruellement de discernement et viennent souvent cacher nos blessures.
Ces dernières, nous les explorons avec le son et la vibration du son, elles sont pleinement accueillies. L’excès de ces énergies cristallisées est même très utile et nécessaire dans son aspect le plus neutre. Cela participe au processus de transformation de l’être. Les énergies se libèrent et se répandent. Nous perdons alors toute notion du temps et de l’espace.
Quand les sons s’harmonisent, il n’y a pas de « meilleur » son, cela s’entend davantage avec un « approfondissent concret » des sons dans le corps. Parfois on ne les entend presque plus à l’extérieur. C’est pleinement ressenti de l’intérieur. Il y a un espace tel que le son se propage, avec fluidité. C’est magique pour le receveur qui ressent intensément les vibrations. Et ça l’est tout autant, pour le pratiquant, qui vit un espace déposé qui n’est pas l’absence de son, mais qui ressemble davantage à un calme « densifié » qui permet d’entendre des fréquences encore plus subtiles.
Cette pratique est une pratique méditative et inclusive.
Les informations émergent par le son, par le ressenti du son dans le corps, en résonance avec le bol, et c’est uniquement cela qui guide la séance. Cela n’empêche pas les protocoles. Ces derniers peuvent tout à fait se placer dans la séance, si tant est que nous restions en pleine conscience, et qu’ils se placent en second, c’est-à-dire qu’il laisse place au vivant. Ainsi, nous sommes libres de suivre ce que le corps indique et de laisser l’action spontanée être ; même si pour cela, nous entrons en conflit avec notre intellect l’espace d’un instant. Ce qui sera même judicieux par la suite afin d’éclairer le plan mental et ainsi approfondir notre pratique. Tout est utilisable et recyclable !…
Il se peut même que le protocole ne soit pas là, et c’est là la grande surprise : comment accéder plus loin encore que tout ce que l’on a appris, vu et entendu.
L’enseignement est donc axé sur l’écoute, le retournement et le ralentissement intérieur. En effet, un ralentissement est nécessaire pour percevoir et écouter. Prenons l’exemple du train, quand nous voyageons, nous voyons le paysage oui, mais le voyons-nous clairement ? Quand le train ralentit, des détails vont nous sauter aux yeux, n’est-ce pas ?
Les vibrations du son vont nous conduire aux cristallisations et nous permettent de faire les liens. Les cristallisations sont autant de portes vers la libération.
Il ne s’agit plus de « faire partir » ou « enlever » mais de comprendre (prendre avec), et de les utiliser.
–) C’est transformer le plomb en or, recycler les énergies. Rien n’est au hasard. Rien n’est à rejeter. Tout est à utiliser. Tout est à découvrir.
–) C’est entrer en intimité avec soi, et revenir à l’essentiel. Cet essentiel nous ramène à notre essence (par opposition à ce que nous projetons). Ainsi ces soins-plaisirs nous amènent au fur et à mesure vers la reconnaissance de l’être et de notre vraie nature.
@ Céline Rossi